Giscard, plus qu'un au revoir...un adieu.
L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing a donc tiré sa révérence ce mercredi 2 décembre.
Rentré à l'Elysée en 1974, il est battu 7 ans plus tard par le socialiste François Mitterrand. Le rose pour l'un ; le morose pour l'autre. Une défaite au goût amer pour VGE qui a espéré à plusieurs reprises prendre sa revanche en vain.
Toutefois pour beaucoup, ces dernières années, il était un peu bon tombé aux oubliettes le châtelain Giscard.
Le drame de VGE, c'est qu'il a été élu président trop jeune (à 48 ans) et qu'il est mort trop vieux (94 ans). Du coup, à l'heure où il disparaît il n'est connu que par une partie de nos contemporains : certains sont trop jeunes et les autres sont morts.
Avec son allure d'aristocrate, il voulait être moderne ; il l'a été à bien des égards. Visionnaire sur l'Europe, il a mené aussi des réformes sur le plan sociétal en particulier : abaissement de la majorité de 21 ans à 18 ans, avènement du divorce par consentement mutuel, loi sur l'IVG...
Et surtout on lui doit la victoire de François Mitterrand en 1981 !
Il avait l'oeil vif et il était coquin ce Giscard ! Il avait d'ailleurs écrit un livre intitulé Deux Français sur Trois. Il est vrai que la politique c'est aussi une affaire de positions. Il avait été l'artisan du Système Monétaire Européen (SME) avec la création d'une monnaie de référence l'ECU. Mais plus tard et sur la fin de sa vie en particulier, Giscard orthographiait l'ECU différemment lui conférant de ce fait un sens disons plus... olé olé.
On se souvient que son slogan pour la présidentielle de 1974 était Giscard à (a) la barre...tu m'étonnes. Il voulait regarder la France au fond des yeux...mais il ne regardait pas que la France dans les yeux. On dit qu'il était bon chasseur, bon tireur...il chassait très bien le gibier aussi.
Giscard était coutumier d'escapades nocturnes, quittant le palais présidentiel au volant de sa voiture pour des rencontres douces, sensuelles en galante compagnie. Une pratique révélée notamment à la faveur d'un accrochage au petit matin entre une voiture présidentielle et un camion de laitier...
Il avait un grand "ami" en la personne de Jacques Chirac, son illustre Premier ministre (entre 1974 et 1976).
Jean-Louis Debré ancien président du Conseil constitutionnel aime à rapporter une anecdote savoureuse sur les relations entre Giscard et Chirac. Rappelons que tous deux ont siégé au sein de cette institution (l'un à droite de Debré, l'autre à sa gauche).
A propos d'un sujet sur l'immigration, Giscard affirme :
-J'ai été président de la République....Mon Premier ministre de l'époque n'était pas très bon sur ces questions...
Un instant plus tard, l'autre - Chirac - lui réplique :
-Moi aussi j’ai été président de la République, mais moi j’ai été réélu".
Mais Giscard a eu la chance d'enterrer son vieux rival, au sens propre cette fois.
Lors des funérailles de J. Chirac, la cérémonie tardait à débuter et VGE se montrant impatient a murmuré (selon le journal l'Express) :
- Chirac était toujours en retard, eh bien, ça continue.
Je ne sais pas quelles étaient les dernières volontés de Giscard mais je me dis que quand on a sollicité autant les urnes, la moindre des choses - par gratitude - serait de choisir une urne...funéraire.
Allez ! on ne vous dira pas adieu mais..."Au revoir".