Lyon -8ème arrondissement - avenue Berthelot.
La concurrence entre certains commerces fait rage.
Ainsi, une devanture affiche fièrement son slogan :
"Ici, la bière est meilleure qu'en face".
Quand vous arrivez dans le quartier et que vous voyez une telle inscription, vous prenez un air surpris tout en restant de marbre.
Alors, si elle est meilleure qu'en face (la bière), vous vous dites que vous allez vérifier si le résultat est à la hauteur de la promesse.
Vous poussez la porte et commandez une bière.
Vous buvez ; vous acceptez volontiers d'en reboire une, puis deux....tellement qu'elle est bonne.
Ensuite, vous vous rendez en face. Pas pour boire (parce que vous avez déjà bien bu) mais pour comparer.
Vous traversez la rue et vous entrez, "en face", donc.
-Une bière, s'il vous plaît !
Le vendeur vous regarde, avec un regard noir, un air glacial et vous dévisage de la tête aux pieds.
Vous avez le sentiment qu'en un coup d'oeil, il vous prend les mesures.
Notons qu'ici, le comptoir est particulier : il y a un comptoir mobile par client et le confort fait impression.
Si vous en faites le voeu, vous pouvez même vous allonger.
Et soudain, vous réalisez que vous venez de franchir les portes de Roc Eclerc, le spécialiste des mises en bière.
Quand vous en ressortez, vous avez l'impression de marcher à côté de vos pompes, sur un air funèbre.
En refermant la porte de Roc Eclerc vous vous dites que votre visite n'a pas été couronnée de succès ; vous méditez :
Il n'y a aucune doute, en face "la bière est meilleure qu'en face".
Vous vous reprenez lentement en vous passant la main dans les cheveux : si en face, ils disent que c'est meilleur qu'en face ...
Vous faites demi-tour et pénétrez à nouveau chez Roc Eclerc.
-Dites monsieur, tout en sortant votre carnet et en levant un bras vers votre interlocuteur, une question me taraude. Si en face, ils disent "ici... qu'en face".
Et là, vous réalisez que le vendeur fait le mort.
Alors, d'un air désabusé, vous lâchez :
-C'est ma femme qui va rien comprendre quand je vais lui raconter.... et là, je ne vais pas me faire mousser.