Il y a quelque temps, à l'occasion d'un mariage, j'avais été invité à "mettre en boîte" le marié.
Je m'étais attelé à la tâche avec un plaisir non dissimulé.
Moteur.
"La commune de Reventin-Vaugris bénéficie d’une réputation nationale que personne ne conteste. Les gens du nord le savent bien.
Les reventinois sont une étrange peuplade, pour qui, le tiroir-caisse automobile n’a plus de secret.
Songez plutôt. Les gens du nord en partance pour des contrées dorées, durant l’été, sont victimes d’un véritable racket financier.
Au retour, les vacanciers qui n’ont plus de pognon sont encore obligés de cracher au basssinet.
Je me suis dit que la commune de Reventin-Vaugris méritait mieux.
C’est sans doute pour cela, qu’il y a quelques jours, j’ai fait un rêve.
J’ai en effet rêvé que la commune avait été choisie pour le tournage d’un film intitulé TANGUY.
Vous savez, c’est l’histoire d’un mec, enfin d’un trentenaire bien tassé qui apprécie plus que tout au monde la confortable maison de ses parents et qui n’est pas pressé de prendre le large.
Bien entendu, dans mon songe, le rôle de TANGUY a été attribué au dénommé Bruno L.
Ainsi, le sus-dénommé allait redorer l’image du territoire reventinois.
Personne ne contestait le choix de cet acteur que fut Bruno, puisque le film allait refléter son propre itinéraire.
Chez ses parents, plus Bruno vidait le réfrigérateur, plus il voyait ses noisettes grossir…enfin celles de son écureuil…..qui dort à la caisse d’épargne.
Arrivé au passage à l’euro, Bruno voulut faire le point.
Le matelas de son lit (son deuxième livret) commençait à être fatigué. Imaginez la gueule du matelas devant supporter un capitaliste (qui se dit socialiste le jour) et abriter également des Montesquieu, des St-Exupéry…
Bruno a ainsi été le précurseur de l’économie sociale et familiale solidaire par intérêt.
Alors, celui qui a longtemps exercé ses talents de clairon solo à Reventin, avec son morceau préféré « aux champs », entendez par là, qu’il joue tout seul dans les champs à ses heures perdues. Bruno donc, plutôt que de changer le matelas a fait le choix de s’accoupler et de quitter la demeure familiale.
C’est ainsi que nous sommes là ce soir pour cette cérémonie nuptiale.
Mais, personne n’oubliera la soirée où celui qu’on appellera B, par discrétion, a enterré sa vie de garçon.
Dans le célèbre dancing LA FIESTA, il a fait un tabac avec son accoutrement.
Il portait une casquette avec une visière de près de 40 cm de long ; et la visière servait accessoirement à supporter une collection de préservatifs.
Au sortir de la Fiesta, B. dit à la cantonade « eh ! bien je plais encore » ; pensez voir, il n’y avait plus de préservatifs sur la casquette.
Il paraît qu’une jeune fille lui a dit que c’est pas là qu’on doit les mettre.
Après la Fiesta, la nuit se poursuivit au domaine Ravet, à Chonas l’Amballan.
Bruno prit sa mailloche et s’en donna à cœur joie sur la grosse….caisse avec tous les cousins pour un concert privé.
A l’extérieur, dans la nuit, le calme régnait. Il y avait néanmoins une étrange atmosphère.
Les chiens ont une curieuse manière de marquer leur territoire ; notre copain Daniel, aussi.
Dans un élan de générosité inconscient, il alimentait les quelques lapins qui passaient furtivement par là.
Plus il rendait, plus les animaux en redemandaient.
La veille au soir, au restaurant, Daniel s’était fait un plaisir de passer vers chacun et après chaque passage il faisait dire « il est des nôtres….. ».
Au domaine Ravet, Daniel n’était plus des nôtres ; il faisait figure et même pâle figure d’arroseur arrosé.
Bref, grâce à toi Bruno, nous aurons de beaux souvenirs.
Je ne saurais résister au plaisir de prodiguer quelques conseils à Bruno :
-n’applique jamais le proverbe arabe « frappe ta femme ; si tu ne sais pas pourquoi ; elle ; elle le sait » ;
-si elle te dit : alors chéri, toujours fidèle ? Alors ne te mouille pas.
Réponds lui : « j’ai toujours dit que je serais fidèle aux femmes qui le méritent et tu en fais partie. Fidélité ne veut pas dire exclusivité ».
-Si elle te dit : je t’aime comme au 1er jour. Alors là, ça se corse et dès qu’on parle de corse c’est explosif. Et tu peux être sûr qu’elle te ment.
Comment peut-elle prétendre t’avoir aimé le 1er jour alors qu’aimer c’est un sentiment qui n’émerge qu’avec le temps.
Bruno, suis mes conseils, je suis comme d’autres dans la salle un homme expérimenté.
Applique judicieusement ces principes et tu es assuré d’en prendre pour 7 ans.
Au-delà, je ne réponds de plus rien.
Dans quelques heures tu vas retourner à tes premières amours.
Bruno [boulanger de métier], assure, sois pro, sinon tu pourrais te retrouver dans le pétrin.
Avant d’enfourner, veille à ce que tu aies suffisamment chauffé la machine ; il n’y a pas de thermostat. Huile bien le matériel. Et n’oublie pas une règle d’or du métier : malaxer, malaxer, toujours malaxer.
Au petit jour, des contrôleurs de la profession iront vérifier la lune…des croissants.
Bruno, fais en sorte qu’elle soit fière d’être « La femme du boulanger ».
Cher Bruno, nous avons commencé avec « Tanguy » ; nous terminons avec «La femme du boulanger ».
Il te manque maintenant un épisode pour donne forme à cette trilogie.
J’espère que tu nous réuniras bientôt pour « Le couffin ». "
NB : le texte a été publié dans sa version originale pour un public "averti", (l'entourge du marié). Certains éléments pourront peut-être vous échapper.