Ramer En Rer

Vendredi dernier, en début de soirée, j'arrive à la gare de Lyon-Part-Dieu ; je pressens des difficultés.
La foule est nombreuse, compacte.
Les têtes sont levées en direction des panneaux d'information.
Des retards de deux heures sont annoncés sur la plupart des départs.

On apprend que quelqu'un a voulu embrasser un train d'un peu trop près.
Il aurait pu faire ça ailleurs, franchement !

Finalement, je prends la direction de la gare de Perrache en espérant être un peu plus chanceux.
Bingo !
Quand j'arrive, un train s'apprête à partir en direction du sud.

Bien sûr,  la rame est bondée du fait de la présence des passagers venus de la Part-Dieu.
Comme beaucoup d'usagers, je prends place bien qu'il n'y en ait plus...
Alors, je m'assieds à côté des sièges.

Un jeune fille d'une vingtaine d'années qui est assise s'adresse à moi.
-Vous voulez que je vous laisse ma place ?
-Non ! Merci lui répondis-je.
Surpris par tant d'égards, j'enchaîne.
-C'est parce que j'ai quelques cheveux blancs que vous me proposez votre place ?
-Non, non, me répond-elle...l'air un peu gêné.
-Ah ! c'est sans doute parce que je commence à être vieux !

Mon corps est comme transpercé par ce gentil coup de poignard.

Je me dis qu'il fallait bien que ce moment fatidique arrive un jour.
Et bien, c'est fait. Ce vendredi 7 novembre fera date.

Dans le couloir, une femme écoute de la musique en se bouchant les oreilles.
Je pense qu'elle va se mettre à danser tellement elle se trémousse.
C'eût été original.

L'un des contrôleurs lance à la cantonade.
-Il reste 22 places plus loin, devant.

Les usagers sont surpris par une telle précision et une prévenance à laquelle la SNCF ne nous a pas habitués.
Il est rare que l'on apprécie des contrôleurs zélés.

Inutile de s'agiter, monsieur le contrôleur. Il suffit d'attendre patiemment le premier arrêt, qu'on décharge les gens de Vienne...Et tout se remettra en "place(s)".

Attendons la désormais célèbre annonce "Vienne, ici Vienne..." et des places se libéreront.

Ainsi, se déroule la vie en RER.